jeudi 31 décembre 2009

Bonne année à tous

Sur la terrasse de l’hôtel ; au bout de l’ascenseur, les discussions se font en petits groupes. Les coordonnateurs se coordonnent, les militants s’informent, les gosiers s’assèchent, les langues claquent, les policiers en civil fument, les marcheurs piétinent.
L’exercice quotidien d’écriture essaye de se loger dans le peu d’espace libre laissé par les interpellations et les questions : « vous étiez au musée ? », « T’as vu la banderole de l’Afrique du sud ? » « Bien le parallèle avec l’apartheid ! », « Il paraît que les bus de Moubarak sont arrivés à Gaza,. », « Les éclaireurs ont été bloqués à port Saïd, t’es au courant ? » …
On apprend aussi qu’une des fondatrices de l’association France Palestine Solidarité (AFPS) est décédée d’une crise cardiaque au Caire, elle participait à la marche internationale et avait près de 80 ans.

Nous travaillons seuls finalement sur le projet de montage pour les TV, les motivations ne sont pas bien fortes et les discussions prennent trop de temps. L’idée d’un kaléidoscope émise hier sera concrétisée par une centaine de portraits montrant la diversité et la détermination des marcheurs, des visages bâillonnés à l’image de la ville oubliée, un ruban de scotch nommé Gaza dont on ne peut se débarrasser.
Dès la première photo faite sur la terrasse de l’hôtel, le patron intervient et arrête la séance. Nous n’avons eu que le temps de tester le dispositif : un ruban en français, l’autre en arabe que la personne choisit et mets près de son visage ; clic, c’est dans la boite. Nous reprendrons la séance photos ce soir au restaurant.

Dans l’intervalle, on s’occupe à la saisie des textes et à la messagerie Internet et à l’envoi de fichiers. A quelques milliers de kilomètres, François fait un super boulot de mise en ligne. Merci à lui.
Au point Internet de l’hôtel, une américaine de San Francisco, nous relate dans un bon français avec un fort accent, sa journée de manifestation ; Quand nous lui montrons les images des manifs montées, la voilà aux anges : « oouaah ! greeeeat ! greeeaaat ! genioouusss ! I have plusieurs milliers amis Facebook, je envoyer pour eux ! ». échanges d’adresse de blogs et voilà que l’audience s’élargit.

Vers 21h, nous nous allons au restaurant d’un grand hôtel où une grande salle nous est réservée, 12ème étage, vue sur la ville, bien à l’écart pour ne pas être vus et entendus ! Un policier en civil est posté à l’entrée …
Comme toujours à 60 personnes, et plus encore quand on ne parle pas la langue, la prise de commandes est laborieuse et le service décousu. C’est le moment idéal pour tirer le portrait des présents avec un bout de scotch.
Au milieu du repas, une liaison téléphonique amplifiée est établie avec le directeur exécutif (le n°2 …) du Palestinian Center for Human Rights (PCHR). Yazid fait la traduction en direct. Le policier de l’entrée est très fâché et tente de faire cesser la conversation. Les organisateurs le renvoient poliment à sa mission «d’assurer notre sécurité » que ses supérieurs lui ont confiée, le téléphone ne risque pas d’exploser …
Le direct de Gaza se poursuit, alors qu’on nous amène précipitamment les additions contrairement à l’hospitalité égyptienne habituelle. Nous laissons cela de côté pour écouter ce que dit notre interlocuteur à Gaza :
Tout était prêt pour nous accueillir et il regrette beaucoup les difficultés que nous rencontrons, qui sont le fait de gouvernements complices de la punition collective infligée aux Gazaouis ;
Gaza est sous blocus économique depuis 3 ans et la population, vieillards et enfants en particulier, survit péniblement grâce à l’aide humanitaire pour autant qu’Israël la laisse passer ;
L’offensive israélienne de l’année dernière a fait d’énormes dégâts qui ne peuvent être réparés malgré les aides de la communauté internationale, bloquées aux portes de la bande de Gaza par Israël.
Malgré tout cela, les Palestiniens ne perdent pas espoir de retourner chez eux un jour et espèrent que des gens comme nous feront pression sur leur propres gouvernements et sur les institutions internationales, notamment l’union européenne pour que soient reconnus les droits du peuple palestinien et que soit condamner l’État d’Israël ;
Le rapport Goldstone des Nations Unies a montré clairement la responsabilité d’Israël, dans la violation du droit international et dans les massacres des population civiles l’an dernier. Ce rapport propose qu’Israël soit traduit devant la cour pénale internationale pour crime de guerre et même crime contre l’humanité.
Le PCHR met beaucoup d’espoir dans la Communauté internationale et notamment l’union européenne, pour que cette condamnation aboutisse ; il compte aussi beaucoup sure le soutien populaire en Europe et dans le monde pour que ce jugement puisse avoir lieu.
La liaison se termine dans les applaudissements et les salutations à pleine voix, y compris des serveurs qui sont restés là à écouter ce direct inouï pour eux.

Quelques interventions ont lieu après cette liaison chaleureuse : il faut remettre des sous dans la caisse commune ; les réservations d’hôtel à El Arish avancées par nos correspondants sur place doivent être payées ; une esquisse de bilan de cette presque semaine de mobilisation est faite : nous avons été un peu naïfs quant à la volonté de négociation du pouvoir égyptien ; il aurait fallu anticiper et prévoir une alternative à l’impossibilité de sortir du Caire, c’est une leçon pour la prochaine fois car nous reviendrons ! …

Les douze coups de minuits ponctuent ces prises de paroles incantatoires aux lendemains qui chantent, et tout le monde s’embrasse en souhaitant d’abord aux Gazaouis une bonne et heureuse année.
Sur la terrasse de l’hôtel qui surplombe la ville bruyante, Yazid discute avec un responsable palestinien, et la jeune avocate des droits de l’homme adresse ces vœux au professeur Goldstone, auteur du fameux rapport, soumis de puis des mois à une effroyable pression du lobby sioniste.

BONNE ANNÉE A TOUS

Ali-Patrick et Patrice

Manifester ou pas ?

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La discussion d’hier après midi a pris fin sur injonction du patron de l’hôtel, qui craignait que ce rassemblement de 40 personnes n’attire des ennuis à son établissement. La discussion s’est poursuivie en petits groupes pour proposer des formes d’actions collectives, marquantes et sensées.

Il faut se rendre à l’évidence : la marche est arrêtée, les internationaux divisés, l’expression impossible et … Gaza inaccessible. Peut être avions nous rêvé ? Il ne s'est rien passé il y a un an ; les bombardements n’ont jamais eu lieu, la ville est effacée de la carte et des mémoires, ce bout de territoire est ensevelie sous les décombres …

Nous proposons d’illustrer la situation en nous bâillonnant la bouche avec du scotch d’emballage sur lequel seraient inscrits les slogans : FREE GAZA, SILENCE GAZA MEURT, REMEMBER GAZA, … L’idée plaît.

Aussitôt dit aussitôt dans la rue à la recherche des scotchs larges : le stock de la boutique d’accessoires scolaires y passe !

Retour à notre hôtel pour résumer la journée et dévorer une dorade chez le poissonnier voisin. Un SMS nous convie à 8h30 le lendemain pour une réunion. Il est question d’un rassemblement unitaire de toutes les organisations pour le lendemain le 31 décembre, jour de la marche internationale initialement prévue à Gaza. Les américains de Code Pink sont à la manœuvre et nous en saurons plus demain.

Patrice se couche très tard pour faire le montage des images du bus du matin et envoyer notre message quotidien.

Pour le dernier jour de l’année, nous nous levons tôt et retrouvons les membres de notre groupe au deuxième hôtel. Les nouvelles de la nuit sont confuses : la coordination serait faite à 400 personnes et aurait été limitée à la proposition des américains sans discussion possible : convergence par petits groupes vers le musée égyptien et rassemblement devant le musée à 10h 30.

La signification et le symbole sont évidemment contestables. Aucun mot d’ordre précis, aucun objectif rappelé, dans ces conditions beaucoup hésitent à y aller pour ne pas se trouver entraînés dans des initiatives ou derrière des slogans qu’ils ne partagent pas. D’autres, impatients d’agir depuis une semaine d’attente, souhaitent être présents par solidarité . Au final chacun est laissé libre de participer ou non à ces initiatives, avec toutes les recommandations de prudence.

Le fait qu’aucune organisation sociale égyptienne ne soutiennent ces rassemblement n’incite pas à se mobiliser. Si agir avec la frustration comme motivation est compréhensible, ça n’est pas suffisant, un minimum de sens est nécessaire.

Dans cette situation complexe, une information positive nous revient : l’ambassade de France a fait savoir que la clarté de notre stratégie devrait nous permettre d’effectuer des missions échelonnées sur l’année. C’est bien le sens de notre présence ici au delà du triste anniversaire, et de l’opportunité de communication qu’il suscite, il s’agit bien de construire dans la durée, d’agir de façon plus régulière et sans doute moins visible.


Vers 10h ceux qui le veulent se dirigent vers le musée en solo ou par deux ou trois. En chemin, un premier attroupement fait bouchon sur une avenue convergeant vers la place du musée, entre deux compagnies aériennes. Un groupe d’une dizaine de personnes a déployé une banderole rose sur laquelle on peut lire « WOMENS SAYS FREEDOM FOR GAZA ». Nous restons un moment sur le trottoir d’en face car le groupe est ceinturé de policiers qui masquent les manifestants et leurs panneaux. Des policiers en civil font repartir les badauds qui s’attardent et nous demandent de ne pas rester là.


Nous poursuivons vers le musée et la place Tahrir où la grande avenue longeant le musée est fermée à la circulation. La pagaille habituelle des véhicules monte d’un cran, les quelques taxis qui se faufilent entre les agents de la circulation (très nombreux) sont obligés de faire marche arrière. En longeant l’avenue à pied, nous nous heurtons à un barrage policier, il faut patienter. Un peu plus loin un cordon serré de policiers en uniforme contient un groupe de manifestants dont on aperçoit les drapeaux palestiniens au dessus des têtes. Une banderole est hissée dans un arbre. Impossible de s’approcher.

Nous faisons le tour du pâté d’immeubles et arrivons par une rue arrière sur des CRS locaux, casqués et bottés qui repoussent les manifestants sur le trottoir au ras de la rue et des véhicules roulant au pas. Le dispositif policier est impressionnant notamment par le nombre de civils que l’on repère assez bien et qui font circuler les passants. Ils arrivent par petits paquets dans des pick up couverts bleus. Nous sautons dans un taxi pour faire des photos plus discrètement puis nous essayons de passer l’enceinte du musée. Dès l’extérieur un faux taxi nous dissuade d’aller au musée à cette heure et nous propose de faire un tour de ville … Grosse ficelle ! Contrairement à hier les sacs sont fouillés à l’entrée et mes rouleaux de scotch sont évidemment suspects. Patrice lui s’emmêle les crayons entre deux nationalités, aussi nous sommes vite et fermement reconduit vers la sortie.

Ça suffit pour la matinée et la chasse aux images. Nous rentrons.

Dans l’après midi les SMS tournent : rendez vous à 17 h pour un projet vidéo pour les TV ; les deux bus d’hier sont finalement partis avec des volontaires et non des représentants, porteurs de leurs propres messages et non de la solidarité internationale bloquée au Caire.

Une nuit de manipulation

La journée d’hier s’est terminée par un repas collectif dans un restaurant du centre, sur une avenue grouillante de monde. Un genre de fast food à l’ambiance lisse de cafétéria de supermarché qui ne sacrifiait rien au bruit de la rue encombrée de véhicules et de klaxons. Difficile de se parler dans cette caisse de résonance truffée de policiers.

Parmi les solutions envisagées, la tentative de forcer le passage est la mieux partagée. Notre organisation explore cette hypothèse et tente de mettre sur pied une alternative pour se rendre à El Arish : taxi, mini bus, lignes régulières, …

Avant de rentrer se coucher, nous nous arrêtons au Net café voisin de l’hôtel pour notre envoi quotidien ; il y a là un des marcheurs qui en alimentant son blog a découvert une interview d’un ministre égyptien qui déclare sur Al Djazeera que l’Egypte fera un geste envers les humanitaires en laissant passer deux bus vers Gaza, le reste des internationaux est invité à profiter des plages ou des monuments historiques égyptiens … L’info fait vite le tour de ceux qui ne sont pas encore couchés et sème le doute : faut il y croire ? est ce un début d’ouverture ? que sous entendent ces propos ?

Il est une heure du matin quand nous éteignons les lumières, perclus de questions.

Le sommeil est difficile à trouver. Dehors des chats se battent, et les klaxons résonnent encore dans la nuit du Caire.

Vers 3h du matin le téléphone de Patrice sonne puis celui de la chambre retentit. C’est Florent qui informe laconiquement qu’un bus doit partir vers 7h pour Gaza suite à une négociation aboutie dans la nuit ; une seule personne de notre organisation pourra monter à bord ; il faut donc rassembler rapidement dans sa chambre les médicaments et les vivres que chacun à amener, afin qu’il puisse les porter à celui qui partira.

J’enfile rapidement un pantalon et une veste et descend 4 étages plus bas en prenant soin de ne pas faire de bruit. D’autres n’ont pas ce genre de précautions, les couloirs de l’hôtel chuchotent, les portes couinent ou grincent, l’ascenseur marque de sa sonnerie tous ses arrêts dans les étages.

La chambre de Florent s’est transformée en pharmacie. Il faut trouver un sac où regrouper les dons éparpillés dans une dizaine de sacs plastiques ; en accord avec Patrice, je sacrifie mon sac à dos (qui avait fait le GR 20 corse …) et nous décidons de nous rendre au départ des bus pour faire des images.

A 6h 30 ce qu’il reste de la nuit s’accroche en lambeaux gris au brouillard du petit matin, quand nous partons à pied pour la gare routière, en traversant l’île Gézira sur le Nil. A cette heure le grand pont du 6 octobre est presque vide : les véhicules ne sont plus au pas comme en pleine journée, mais roulent à pleine allure dans un joyeux tintamarre de tôles pour les plus âgés.


Il nous faut tourner longtemps dans la gare routière pour trouver les bus, encadrés par la police. Sur le large trottoir, c’est à la fois l’espoir et la contestation qui prévalent. Quand nous arrivons, une centaine de personnes sont là, avec caméras et appareils photos ; les partants ont déjà rempli le premier bus. Il semble que le deuxième bus ait des difficultés à se remplir.

Des pancartes sur du carton se sont improvisées : « GET OUT OF THE BUSES », « LET US ALL GO » « 1300 PERSONS OR NO ONE ». Ça discute fermement devant le cordon de sécurité qui donne accès au portes du bus. Une américaine égrène le nom de ceux qui ont été choisi par leur délégation. Les conditions de la négociation autour de ces bus de dernière minute reste mystérieuse et nous éclairerait pourtant bien sur la position à tenir.

Faut il se réjouir de voir ces deux bus partir ou regretter qu’il n’y en ai pas plus sur le départ ?

Un escadron de militaires casqué et équipé de boucliers se met en place à l’arrière des bus. Il est temps de partir, d’autant que peu d’entre nous ont pu dormir et que nous sommes tous partis le ventre vide. Un deuxième escadron se met en place à l’avant des bus. Nous ne sommes pas là pour jouer aux gendarmes et aux voleurs avec la police égyptienne.

Retour à l’hôtel pour un petit déjeuner et tenter de rattraper le sommeil. Les flics sont partout, un des marcheurs qui souhaitait rentrer en France doit montrer son billet d’avion pour pouvoir sortir de l’hôtel ! 3 personnes qui partent sont aussitôt pistées par les policiers qui interrogent serveurs et réceptionniste sur leur numéros de chambre.

Pour nous rendre à la réunion collective convoquée à midi sur la terrasse restaurant de l’autre hôtel nous sortons légers un guide touristique à la main pour faire diversion et passons deux rues pour prendre un taxi.

Avec de la hauteur et un peu de sommeil, les choses s’éclaircissent. Nous apprenons que les bus ne sont finalement pas partis. Yazid, notre délégué monté dans le bus est là et explique la manipulation dont ont été victimes les négociateurs eux même.

Code Pink l’organisation américaine qui agissait seule, avait réussi semble t il à négocier 2 bus pour aller à Gaza. Cette organisation a alors demandé en début de soirée aux autres organisations de désigner sous 20 minutes de désigner une ou deux personnes pour faire partie du convoi.

Bien que la méthode ne soit pas satisfaisante le collectif français d’associations a accepté la proposition après avoir bouclé l’information avec les contacts sur place à Gaza (PCHR) et avec l’ambassade de France (qui n’était pas au courant). Yazid a été désigné comme délégué. Dans la nuit, les référents des groupes de marcheurs ont été alertés pour rassembler les dons.

Au départ du bus, alors que les délégués avaient pris place, une américaine a pris la parole dans le bus en disant avoir fait une erreur en acceptant ce deal proposé par Moubarak, suivie d’un officiel égyptien qui a félicité les heureux délégués et parlé en termes insultants envers les contestataires à l’extérieur du bus ; 10 minutes plus tard le même officiel explique que les palestiniens ne souhaitent pas la venue des internationaux à Gaza, et tente une démonstration en branchant son téléphone sur le micro du bus alors que Yazid vient d’avoir son correspondant à Gaza. Devant cette mascarade, les délégués se sont tous levés pour quitter le bus pendant qu’à l’extérieur les escadrons de policiers prenaient place autour des véhicules signifiant clairement que la partie était finie. Entre temps les communiqués officiels avaient fait le tour des agences de presse, et l’on pourra lire dans les journaux du jour même : l’Egypte fait un geste pour Gaza.(voir ci-dessous nouvel observateur du 30 décembre : )

Mais rien sur la construction du mur souterrain sur la frontière sud de Gaza, plus grand chantier égyptien depuis les années Nasser en 1960 !

Au cours de cette réunion, Florent nous a confirmé que les éclaireurs envoyés soit en solo par des itinéraires détournés, soit en bus régulier, soit en taxi se sont fait refoulés à des étapes plus ou moins avancées de leur voyage pour El Arish sans jamais atteindre leur but. Il est donc hors de question d’organiser de telles expéditions.

Un large débat a suivi ces informations où la nécessité de rassembler le millier de personnes éparpillés dans la ville et de rendre visible leur détermination aux yeux de la presse internationale s’est fortement exprimé.

La marche internationale pour la liberté à Gaza se passera le 31 décembre au Caire.

La vidéo du faux départ des 2 bus :
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Vu dans la presse française…
Le Caire autorise cent manifestants à marcher vers Gaza

NOUVELOBS.COM | 30.12.2009 | 07:38
Les organisateurs de la marche vers Gaza ont accepté l'offre du Caire de permettre à 100 des 1.400 manifestants bloqués de se diriger vers Gaza. Les militants qui resteront au Caire ont annoncé leur intention de poursuivre les actions en cours.

Les autorités égyptiennes ont proposé d'autoriser 100 des 1.400 manifestants bloqués au Caire à marcher vers Gaza. Les organisateurs de la manifestation internationale ont accepté cette offre, a-t-on appris mercredi 30 décembre.
Cette décision a divisé les délégués de 43 pays venus au Caire en vue de rejoindre l'enclave palestinienne à partir de Rafah, ville à cheval sur l'Egypte et la bande de Gaza, pour marquer le premier anniversaire de l'offensive israélienne contre le territoire palestinien.
"C'est une victoire partielle", a justifié Medea Benjamin, un militant américain et l'un des organisateurs de la manifestation, face à la colère affichée par certains militants.
Il a précisé que le ministère égyptien des Affaires étrangères avait proposé que les organisateurs choisissent les 100 délégués qui seraient autorisés à passer à Gaza. Ces derniers devaient quitter la capitale égyptienne pour l'enclave palestinienne mercredi matin.


Poursuite des actions en cours


L'offre égyptienne a irrité un grand nombre de militants. Un organisateur français a estimé qu'elle visait à semer la division en leur sein.
"Cela va juste permettre au gouvernement égyptien d'obtenir quelques photos et la possibilité de dire "nous avons laissé les gens passer"", a estimé Bassem Omar, un manifestant canadien. Les militants qui resteront au Caire ont annoncé leur intention de poursuivre les actions de protestations en cours.
Les militants pro-palestiniens ont organisé plusieurs manifestations et sit-in pour protester contre l'interdiction égyptienne. Des dizaines de militants français campent ainsi devant l'ambassade de France. Un organisateur français a indiqué que le sit-in allait continuer.
L'Egypte a indiqué avoir empêché les manifestants de se rendre à Gaza en raison de la "situation sensible" dans l'enclave palestinienne.
Du 27 décembre 2008 au 22 janvier 2009, Israël avait lancé une offensive dévastatrice contre le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, faisant plus de 1.400 tués palestiniens, selon des sources palestiniennes.

(Nouvelobs.com)
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A bientôt

Ali-Patrick et Patrice

mercredi 30 décembre 2009

On fait le point !

Bonjour à tous,

Nous sommes donc revenus au Caire et sous bonne escorte. Notre bus nous a déposé hier soir du point d’où nous sommes partis et les flics accompagnateurs nous ont demandé de rentrer à nos hôtels respectifs sitôt descendus.
A l’arrivée certains ont tenté de rejoindre l’ambassade de France et les 200 campeurs. Les policiers les en ont dissuadé. La conférence de presse convoquée depuis les bus s’est limitée à quelques interviews devant un bus ; la visibilité médiatique est limitée aux médias arabophones. Nous espérons que les média suivront en France et en Europe.
De notre côté nous avons mis à profit ce temps mort pour nous restaurer (excellents poissons) à proximité de l’hôtel et envoyer notre page quotidienne.
Le lendemain au petit déjeuner, les tables bruissent des informations de la nuit : les campeurs de l’ambassade ont passé leur deuxième nuit sur le trottoir encadrés par un double cordons de policiers, les 500 américains ont tenté un sit-in devant un bâtiment de l’ONU, Netanyahou arrive au Caire en visite officielle et différentes manifestations de l’opposition égyptienne sont prévues, il est question de s’y joindre mais les organisations égyptiennes hésitent à nous accueillir dans leur rangs …

Nous laissons là les rumeurs et partons à pied rejoindre notre groupe au deuxième hôtel (celui de l’ascenseur farceur). Vers 11h, un SMS nous informe que la réunion est retardée à 14h30.
Voilà qui nous laisse 2h pour visiter le musée Égyptien devant lequel nous nous trouvons.
Dans la cohue des bus et la foule des touristes, nous surfons entre les voitures pour traverser les rues qui convergent sur la place Tahrir quand un monsieur nous aborde.
Il a repéré notre accent français et noie quelques mots dans une logorrhée d’où émerge son séjour à Grasse pour se former dans les parfums, métier de sa famille, le mariage de sa fille le lendemain auquel nous sommes invités, et l’hospitalité égyptienne qui nous fait entrer dans sa boutique de souvenirs puis dans la parfumerie de sa mère. Nous en ressortons qu’après avoir lâché quelques centaines de livres. Faut bien faire marcher le commerce local …

La visite du musée est donc rapide, de sarcophages en statues, nous retenons le regard droit et noble, la dignité et la force simple de Khephren assis en majesté la nuque enveloppée des ailes du faucon Horus.

Dans la chambre d’hôtel devenue salle de réunion, l’ambiance est concentrée, voire grave. Il est devenu clair pour tous que n’entrerons pas dans Gaza. Si ce rêve était caressé par beaucoup, nous savions les difficultés qu’il faudrait affronter, mais peut être pas aussi vite. A présent les possibilités d’actions à partir du Caire sont quasi nulles ou insignifiantes. Les solutions qui s’offrent à nous sont toutes insatisfaisantes : rentrer chez nous sans gloire, rester au Caire sans pouvoir se rassembler, tenter d’atteindre El Arish par d’autres moyens …
Dans le groupe, une jeune avocate des droits de l’homme rappelle les objectifs de la marche internationale et le contexte géopolitique :
Tout d’abord nous sommes en pays étranger et les attitudes de donneurs de leçon de démocratie occidentale sont souvent perçues comme du néocolonialisme.

Ensuite, il ne s’agit pas de désigner le gouvernement égyptien comme responsable du blocus (ce qu’aurait tendance à faire les encerclés de l’ambassade) mais bien Israël qui est l’origine du problème et qui serait trop content de se débarrasser du problème sur son voisin arabe, tout en continuant à tirer les ficelles.
Enfin il faut se garder de l’éclatement du mouvement qui nous guette et que le grand nombre d’organisations et de nationalités favorise. La communication est essentielle dans cette affaire, c'est pourquoi il faut maintenir la pression.

A nos amis restés en France, nous demandons de signer et faire signer la pétition en ligne sur :
http://www.urgence-gaza.net/content/petitionGaza

En parallèle, continuez à interpeller vos députés, maires, représentants et personnalités … et consultez les médias qui nous suivent : France 3, Al Jazeera, Al Arabiya, MBC, RFI (interview Florent), Associated Press …

A bientôt,

Ali-Patrick et Patrice

mardi 29 décembre 2009

Ascenseur émotionnel

Voici tout d'abord une vidéo de cet après-midi lundi 28 décembre:

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et notre journal de ces 2 jours :

Dimanche 27 décembre 2009
Nous voila donc au Caire.
Après installation provisoire à l'hôtel, premier rendez vous avec notre groupe : une dizaine de personnes, des jeunes surtout, des belges aussi. Nous nous réunissons dans une chambre pour plus de discrétion car les murs sont pleins d'oreilles : en uniforme à l'entrée de l'hôtel, en civil dans le salon ou autour des ordinateurs en libre accès.
L'ascenseur unique n'arrive pas à répondre aux va et vient permanents des clients et des militants dans les étages. On passe plus de temps à attendre la cabine sur un palier minuscule ou une fois dedans à monter et descendre avant d'atteindre le bon étage. Un jeu qui met sous pression ceux qui sont là depuis quelques jours et ajoute au stress des informations qui tombent d'heure en heure.
Ce matin, les autorités égyptiennes ont clairement indiqué que la frontière avec Gaza était hermétiquement fermée et que personne ne passait.
Dans l'après midi une conférence de presse des organisateurs laisse entendre que des possibilités existent et que les bus sont prêts. Une des organisations maintient le départ de ses bus à 19h devant l'ambassade de France et se dit prête à manifester si besoin ...
Cette prise de position tend un peu plus les discussions avec les services de police égyptiens qui décident de bloquer les dépôts de bus.
20h30 : 200 personnes campent devant l'ambassade. Confirmation du blocage des bus. Des canons à eau seraient sur place ...
21h : après de longues minutes d'attente, l'ascenseur nous descend au rez de chaussée alors que nous voulions atteindre la terrasse restaurant de l'hôtel. Au 12ème étage, un peu d'air et d'espoir. Nos bus ne font pas partie de ceux bloqués au dépôt.
Rendez vous le lendemain pour plus d'infos.
23h : il est temps d'aller dormir, après une nuit d'avion, quelques heures à peine de sommeil, le tourbillon de la ville et les joies de l'ascenseur.


Lundi 28 décembre 2009
Enfin une nuit complète !
Dès le matin nous faisons un aller retour entre les 2 hôtels où est réparti notre groupe.
Les campeurs sont toujours devant l'ambassade et leurs bus au dépôt avec interdiction de sortir.
Nos bus ne sont pas dans cette situation et doivent partir vers 14h pour El Arish. La consigne est d'être discret pour rejoindre le point de départ.
Comment être discret à 50 personnes avec sacs à dos et appareils photos ? Outre les policiers en civil qui veillent sur le troupeau, les cairotes sont tous sur le pas de leurs boutiques pour assister au départ !
A 15h le bus démarre ! On n y croyait plus. La joie a remplacé la crispation sur les visages. Même si nous n'allons pas loin nous avons l'impression d'avoir franchi un premier obstacle.
5 bus sont sur la route avec 200 personnes à bord : des français, des belges, des grecs, des indiens (d'Inde), des américains et un suisse, tous calmes et déterminés à dénoncer le blocus de Gaza, l'impunité d'Israël et la complicité de la Communauté Internationale.
Florent au micro nous rend compte régulièrement des contacts entre les bus.
Trés vite, il faut déchanter, les deux premiers bus sont arrêtés par la police de la route, nous dit il.
Le convoi que nous formons avec 2 autres bus est lui aussi stoppé à une vingtaine de kilomètres du Caire. Un monsieur en costume et cravate, un téléphone sur chaque oreille, semble très occupé à ne pas nous laisser aller plus loin. Il arpente avec nonchalance le bord de l'autoroute qui est un vaste dépotoir où volent sacs plastiques et s'entassent les gravats que le sable recouvre peu à peu.
Nous restons là dans le vacarme des klaxons, des annonces micros sur l'issue des négociations. Au bout d'une heure, on annonce un colonel. Il arrive dans son uniforme à boutons dorés, et ajoute à ses décorations, lui aussi un téléphone en pendentif à chacune de ses oreilles. Le chauffeur du bus nous explique que c'est monté très haut, on parle du chef des services de renseignement ... du ministre peut être.
Entre temps des nouvelles arrivent de l'ambassade de France : les personnes qui ont passé la nuit sur le trottoir sont dans une situation bien pire que la nôtre. Trois solutions leur sont proposées : passer une nouvelle nuit sur le trottoir et être reconduite le lendemain à l'aéroport, être reconduites immédiatement à l'aéroport, ou encore être confinées jusqu'à leur avion de retour, au lycée français du Caire mis à disposition par l'ambassade.
Dans notre bus sur le bord de l'autoroute, nous avons au moins l'impression d'avoir bougé, mais si peu ... Nous essayons de gagner du temps pour permettre aux médias d'être sur place et de rendre compte de la situation. Au bout de deux heures, les services se font plus autoritaires et intiment l'ordre aux chauffeurs de bus de nous reconduire au Caire à nos hôtels. Toujours calmes et après quelques échanges entre les 5 bus (vive le portable ..) nous nous plions à cette exigence, et décidons de convoquer la presse pour notre retour.
Demi tour donc avec amertume bien sur mais une visibilité attendue à l'arrivée. Nous sommes escortés par un véhicule de police, qui surveille de près notre itinéraire.

Qui a dit que le frontière sud de Gaza était perméable ?
Qui a dit que la population gazaouie pouvait être alimentée par les organisations humanitaires ?
Que les démarches pacifistes pouvaient entrer dans Gaza ?
Que le blocus n'empêchait pas de vivre ...

Eh bien non, le blocus existe, nous l'avons testé pour vous ...

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Le témoignage de Ziad Medoukh, habitant de Gaza
(diffusé le 20 décembre 2009 par l'auteur, sur le site de la CCIPPP, http://www.protection-palestine.org)

Un an déjà. Gaza se souvient, Gaza étouffe, Gaza patiente.
Fin décembre 2008, fin décembre 2009,un an déjà …
Je ne vais pas revenir dans cet article sur les 3 semaines terribles vécues par la population civile de la bande de Gaza lors de l’agression israélienne contre une région innocente, contre une prison à ciel ouvert, contre un territoire isolé, emmuré, une population enfermée, sans possibilité de fuir...
Chacun est libre de qualifier et de décrire avec ses mots ces horribles événements de Gaza : guerre, agression, pilonnages, massacres, crimes de guerre, attaques sanglantes, voire des attaques barbares... Les seuls mots pour moi sont, massacres et crimes commis par la cinquième puissance militaire dans le monde contre un million et demi de civils, contre des femmes et des enfants et des vieillards sans défense, contre la totalité des infrastructures de la bande de Gaza, et ce, dans le plus profond mépris des condamnations internationales.
C’est très difficile pour moi, Gazaoui, de décrire la situation actuelle dans la bande de Gaza un an après la fin de l’agression israélienne, car je pourrais écrire des pages et des pages, voire des livres, pour évoquer seulement une partie de la souffrance, de la douleur et des sacrifices de ses habitants toujours isolés, enfermés par le blocus, et abandonnés à leur sort au vu et au su du monde dit libre.
Les mots et les expressions m’échappent pour parler de toute une population : femmes, jeunes, enfants, personnes âgées, patients, chômeurs, malades, blessés, invalides, tous ceux qui ont perdu pendant ce déferlement de massacres et de destructions, leurs maisons, leurs biens et surtout leurs proches, et qui, néanmoins, continuent de résister sur leur terre dans des conditions inhumaines, difficilement imaginables pour quelqu’un de l’extérieur.
Je ne sais pas de quel Gaza je vais parler : Gaza le blocus ? Gaza l’isolement ? Gaza la résistance ? Gaza la vie ? Gaza la souffrance ? Gaza la détermination ? Gaza la prison ? Gaza la mort lente ? Gaza la tristesse ? Gaza l’obscurité ? Gaza l’opprimée ? Gaza l’étouffement ? Gaza l’impuissance ? Gaza le malheur ? ou Gaza l’espoir ?
Un an déjà... Gaza fin décembre 2009 : un an après ces événements les Gazaouis se rappellent - comment pourraient-ils oublier ? Ils se souviennent de ces 20 jours de carnages jamais égalés depuis l’occupation israélienne en 48. Ils se souviennent d’abord de plus de leurs martyrs, plus de 1 400 tombés sous les bombes de l’aviation israélienne ou les balles des soldats : ils se souviennent des maisons, plus de 6 000, des hôpitaux, des écoles, des refuges pour la population, détruits par les bombardements in-discriminés des Israéliens ; ils se souviennent de la passivité complice de la communauté internationale pendant ces massacres. Dans le monde des humains au XXIème siècle, comment cela est-il possible ?
Un an déjà, et rien n’a changé à Gaza... Le blocus inhumain imposé depuis plus de 3 ans resserre toujours son étau, de façon encore plus inhumaine dans la situation actuelle des Gazaouis ; les passages qui relient la bande de Gaza au monde extérieur sont ouverts au compte-gouttes sur ordre militaire israélien ; 80% de la population civile dans la bande de Gaza vivent avec des aides alimentaires internationales, quand elles peuvent passer ; les blessés et les malades meurent ou attendent la mort parce qu’il est interdit de sortir pour aller se faire soigner à l’extérieur et que leurs hôpitaux manquent d’équipements adéquats.
Fin décembre 2009, un an déjà et Gaza survit toujours dans la douleur, Gaza patiente... Gaza attend toujours le réveil de la conscience mondiale, Gaza continue d’attendre l’application de la loi internationale, Gaza continue de souffrir avec seulement sa détermination de continuer à vivre... de ne pas mourir...
Un an et plus de 10 000 habitants de Gaza vivent toujours dans des tentes à côté des ruines de leurs maisons car tous les matériaux de construction sont interdits d’accès dans la bande de Gaza sur ordre militaire israélien.
Gaza, fin décembre 2009, espère malgré tout. Ses raisons d’espérer, comme l’ont été les puissantes manifestations de soutien partout dans le monde, restent la mobilisation des sociétés civiles et des représentants politiques partout dans le monde pour que les gouvernements et les instances décisionnelles de la communauté internationale imposent la levée du blocus et la réouverture des passages, pour qu’enfin les habitants de la bande de Gaza puissent commencer à restaurer leur environnement... à panser leurs plaies ; pour qu’enfin ils puissent espérer commencer à pouvoir vivre une vie normale dans leur région, dans leurs villes, dans leurs villages...
Gaza, fin décembre 2009, à la veille de la marche commémorative internationale : Gaza n’en peut plus, Gaza survit au jour le jour, Gaza étouffe, Gaza crie dans le silence des médias internationaux, Gaza attend... Gaza espère... espère et demande... Les Palestiniens de Gaza espèrent et demandent la restauration de leurs droits fondamentaux, de leur droit à la vie dans le monde, à la paix par l’application de la justice.
Le chemin de la paix passe par la justice, rien que la justice.
Gaza et les Palestiniens aspirent à la paix dans la liberté et la justice.
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Ali-Patrick et Patrice

lundi 28 décembre 2009

Salam aleikoum du Caire

La technologie Internet nous joue des tours ! Impossible d'envoyer le dernier message de Marseille Marignane malgré le temps passé à tout préparer avant le départ. Patrice incrimine les serveurs informatiques ardéchois, à moins que ce ne soit un coup du Mossad ! (gag ...) Nous avons cliqué et recliqué jusqu'au dernier moment et puis il a bien fallu embarquer : Marseille - Casa (pas Gaza ...) : 2h 30 le temps de convaincre ma voisine d'avion - une jeune fille aux longs cheveux propres et lisses, au maquillage soigné, - de changer de lecture. La belle travaille dans une entreprise de sécurité au Burkina Faso et espère qu'en lisant "Détective" elle saura démasquer toutes les méthodes des voleurs, violeurs et malfrats qui pullulent en France me dit-elle ... Ben voyons y' a qu'à s'enfermer chez soi, mettre des alarmes à toutes les portes et fenêtres, des gardiens devant chaque maison, et suspecter tous ses voisins surtout les étrangers. Ça me rappelle furieusement ce qu'est devenu la société israélienne : un pays armé jusqu'aux dents, couvert de miradors et de check points, où peu à peu un régime d'apartheid se met en place par crainte de l'autre. Arrivés à Casablanca elle a bien voulu prendre mon Canard Enchainé que je lui ai offert de bon coeur.
La nuit entre Casa et Le Caire a été courte et inconfortable; pas de bagage à l'arrivée pour Patrice. 2 heures de palabres, l'espoir que le bagage arrive par l'avion du lendemain et néanmoins une indemnisation de 300 livres payée entre le tapis à bagages et la balayeuse mécanique ...

Bon Le Caire donc, ville gigantesque, tentaculaire, plus grande métropole d'Afrique, 7 millions d'habitants, nous ne nous étendrons pas la desssus et ne retiendrons que quelques images : les klaxons comme pare-chocs sonores, les gentils ânes tractant leurs chargements de légumes dans le tourbillons des voitures, les trottoirs impraticables qui mettent tous les piétons sur la chaussée, l'élégance des messieurs dans leurs longues gandouras, ou des demoiselles sous leurs voiles blancs, pailletés ou brodés selon la mode du moment.
Les nouvelles de l'organisation sont contradictoires : des départs vers El Arish pourraient avoir lieu à partir de demain. Les discussions avec les autorités Égyptiennes sont toujours en cours, mais les stratégies diffèrent selon les membres de l'organisation. Certains voudraient en profiter pour dénoncer la politique de collaboration de l'Égypte ce qui est bien sur hors de propos ! L'important est de faire connaitre la situation inhumaine des Gazaouis aujourd'hui. Nous sommes ici pour être les yeux et les oreilles que la Communauté internationale n'a plus; la bouche que les palestiniens de Gaza n'ont plus.
Relayez donc ce journal auprès de vos amis, c'est le meilleur service que vous puissiez rendre au million et demi de Gazaouis enfermés.

Ali-Patrick et Patrice

samedi 26 décembre 2009

Un dernier bonjour de France

Note de François Pesce: Patrice rencontre d'évidentes difficultés techniques pour envoyer ses courriers électroniques, ainsi il a été pris un peu de retard dans l'information qu'il vous transmet. Désormais, et tant qu'il ne pourra pas résoudre son petit souci technique, en plus de publier ses messages sur ce blog, je transmettrai aussi ses e-mail à la liste de contacts qu'il m'a donnée.

Le prochain courriel sera égyptien,
Nous voila donc à l'aéroport, sacs sur le dos, passeport en poche et ordinateur sur les genoux.
Vous l'avez peut être lu dans les messages précédents, les nouvelles venues du Caire ne sont pas favorables. Très certainement nous n'entrerons pas dans Gaza. Les autorités Égyptiennes invoquent des questions de sécurité : des perturbateurs seraient infiltrés parmi les marcheurs. Vieille rengaine paternaliste qui devrait se transformer en intimidation pour ceux qui passeraient outre. Mais telle n'est pas notre intention.
Il ne s'agit pas d'incriminer le seul gouvernement égyptien pour la fermeture des frontières de Gaza mais de rappeler la responsabilité de toute la communauté internationale et en particulier de l'Union Européenne et avant tout celle de l'État d'Israël.
S'il fallait un exemple, en voici un : l'Égypte construit actuellement un mur souterrain jusqu'à 20 m de profondeur pour rendre la frontière sud de Gaza de 10 kms moins " poreuse ". Cette construction métallique en plein désert asphixiera un peu plus le million et demi de personnes qui vivent enfermés à ciel ouvert et n'ont pour survivre que l'aide humanitaire que les Israéliens laissent passer quand bon leur semble, d'où le millier de tunnels qui permet le passage des biens de consommation courante. Les palplanches sont payées par les USA, mises en place grâce à l'aide de l'U. E. et le chantier est sous le contrôle d'un général ... français ! Et en plein désert, dans le sable c'est bien plus simple qu'en ville pour le métro ...

Si nous n'allons pas à Gaza, nous rencontrerons néanmmoins des palestiniens au Caire. En effet de nombreux réfugiés vivent en Egypte, des blessés des bombardements de l'an dernier sont encore soignés dans les hôpitaux du Caire. Des activités alternatives sont donc prévues sur place :
- communication avec les médias internationaux, coordination avec les marcheurs de Jérusalem,
- Solidarités médicales,
- Prisonniers palestiniens en Egypte,
- campagne Boycott-Desinvestissement-solidarité (BDS)
- ONG du Caire,
- Programme culturel

Des mobilisations en résonance avec cette marche internationale, ont lieu en France le 27 décembre, ceux qui n'ont pas pu venir avec nous peuvent se rendre à :
- Lyon le dimanche 27 décembre à 14h30 place des Terreaux
- Marseille le dimanche 27 décembre à 16h angle Belsunce Canebière.
- Paris le dimanche 27 décembre à 15h place Denfert Rochereau

Les passagers à destination de Casablanca sont appelés porte 10, correspondance pour le Caire, destination Gaza non garantie ...

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à (très) bientôt


Ali-Patrick et Patrice

vendredi 25 décembre 2009

Joyeux Noël

Bonjour et joyeux Noël à tous,

Ce vendredi 25 décembre 2009, après les agapes familiales et la récolte des olives à Montélimar (voir vidéo ci-dessous), on (Ali-Patrick et Patrice) se prépare à partir.

Faire son sac, prévoir l'essentiel et le minimum, prendre le nécessaire pour ceux que nous rencontrerons, lire pour bien comprendre la situation sur place, s'informer de l'actualité pour ne pas être pris au dépourvu.

Les dernières informations sont conformes à se que l'on craignait : il y a peu de chances pour que nous puissions entrer à Gaza. Les autorités égyptiennes refuseraient de laisser passer les "marcheurs" (voir vidéo ci dessous) ... Nous verrons sur place : un programme alternatif est prévu par les organisateurs. Une certitude : nous n'allons pas en Egypte pour manifester contre le gouvernement égyptien, mais pour condamner le blocus et témoigner de notre solidarité avec les "enfermés" de Gaza.


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Vidéo de 2 mn de Ali-Patrick ramassant des olives à.....Montélimar !
http://www.wat.tv/video/ramassage-olives-montelimar-218k9_218kv_.html
Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

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Les gens de Gaza bientôt asphyxiés par un nouveau mur égyptien ?
(2 articles)
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article8147


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Les français participent à l'enfermement de Gaza !
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7854

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Joseph et Marie au Check-Point de Bethléem

(merci Pierre)

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à (très) bientôt

Patrice et Ali-Patrick

mercredi 23 décembre 2009

Jour J - 4

Bonjour à tous,

Le départ approche, mélange d'appréhension et d'enthousiasme ...
Avant de partir, voici quelques informations sur cette "aventure" volontaire :

Nous prenons l'avion, Ali-Patrick et Patrice, samedi 26 décembre 2009 à Marseille- Marignane, vers 20h et arriverons via le Maroc le dimanche 27 décembre à 7h environ au Caire.

Nous y retrouverons les autres personnes de notre groupe dans la matinée pour un départ groupé vers la ville d'El Arish, situé sur la côte au delà du canal de Suez au nord du Sinaï, à 300 km du Caire et 30 environ de la frontière sud de Gaza.
Après une nuit à El Arish, nous nous présenterons le lendemain lundi 28 décembre 2009 au poste frontière de Rafah, à 8 H 30 pour entrer dans Gaza.

Pour vous faire une idée de la géographie, voici une carte annotée de la région :
Les traits bleus représentent les 2 marches organisées : l'une à partir de l'Égypte (à laquelle nous participons donc) et une autre, entre Jérusalem et le point de passage de Eretz (Beit Hanoun) situé au nord de la Bande de Gaza.
De nombreux internationaux participeront à ces deux marches : plus de 500 américains, 500 européens, mais aussi des Indiens, des latino américains et même des israéliens !

L'objectif de ces 2 marches est de rappeler la situation que vit la population Gazaouie un an après l'offensive Israélienne sur ce territoire, d'appeler à la fin du blocus de Gaza, soutenu par l'Europe et les Etats unis, et qui dure depuis 3 ans maintenant, de dénoncer les crimes commis par Israël (à la lumière du rapport Goldstone) et d'exprimer concrètement notre solidarité avec la population ... si les polices égyptienne et israélienne veulent bien nous laisser entrer à Gaza ...

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Journal Le Dauphiné Libéré
Un article de la journaliste Amandine Brioude sera publié jeudi 24, vendredi 25 ou samedi 26 en page Région (Ardèche-Drôme).
De plus, en fonction des évènements, Amandine publiera quelques articles durant notre séjour.

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Un article du journal Le Monde du 22 décembre 2009
"Un an après l'offensive israélienne, Gaza "abandonnée"
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/12/22/un-an-apres-l-offensive-israelienne-gaza-abandonnee_1283861_3218.html

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Diffusez !
Si vous pensez que cette Marche pour la Liberté de Gaza est juste, utile et nécessaire, n'hésitez pas à transférer en temps réel le mail quotidien aux membres de votre famille, à vos amis, à vos proches, y compris et surtout les 30 et 31 janvier.

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ci-joint :
Le dossier de presse
"Marche de la Liberté pour Gaza", "Gaza, un an après"
par la Mission du Collectif national pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens

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Patrice Forget et Ali-Patrick Louahala

jeudi 17 décembre 2009

Jour J - 10

Bonjour,

Du 27 décembre 2009 au 3 janvier 2009, Ali-Patrick Louahala et moi-même participerons à la Marche internationale pour la paix à Gaza organisée par différentes associations de soutien au peuple palestinien.

Nous ferons partie d'un groupe de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP).

Cette Marche réunira plus de 1 000 personnes provenant de différents pays (principalement des USA et de l’Europe) et a pour objectif de dénoncer le blocus exercé depuis plus de 3 ans par Israël sur la Bande de Gaza sur les 1,5 millions de personnes qui y (sur)vivent.

Durant notre séjour, nous essaierons de témoigner quotidiennement de ce voyage particulier en photos, textes et vidéos que nous mettrons en ligne sur ce blog.

Nous avons pensé que ce journal de voyage pouvait vous intéresser.

Pour plus d’informations sur la marche, vous pouvez et pourrez consulter le site pour Gaza : http://www.urgence.gaza.com

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Patrice Forget et Ali-Patrick Louahala