La discussion d’hier après midi a pris fin sur injonction du patron de l’hôtel, qui craignait que ce rassemblement de 40 personnes n’attire des ennuis à son établissement. La discussion s’est poursuivie en petits groupes pour proposer des formes d’actions collectives, marquantes et sensées.
Il faut se rendre à l’évidence : la marche est arrêtée, les internationaux divisés, l’expression impossible et … Gaza inaccessible. Peut être avions nous rêvé ? Il ne s'est rien passé il y a un an ; les bombardements n’ont jamais eu lieu, la ville est effacée de la carte et des mémoires, ce bout de territoire est ensevelie sous les décombres …
Nous proposons d’illustrer la situation en nous bâillonnant la bouche avec du scotch d’emballage sur lequel seraient inscrits les slogans : FREE GAZA, SILENCE GAZA MEURT, REMEMBER GAZA, … L’idée plaît.
Aussitôt dit aussitôt dans la rue à la recherche des scotchs larges : le stock de la boutique d’accessoires scolaires y passe !
Retour à notre hôtel pour résumer la journée et dévorer une dorade chez le poissonnier voisin. Un SMS nous convie à 8h30 le lendemain pour une réunion. Il est question d’un rassemblement unitaire de toutes les organisations pour le lendemain le 31 décembre, jour de la marche internationale initialement prévue à Gaza. Les américains de Code Pink sont à la manœuvre et nous en saurons plus demain.
Patrice se couche très tard pour faire le montage des images du bus du matin et envoyer notre message quotidien.
Pour le dernier jour de l’année, nous nous levons tôt et retrouvons les membres de notre groupe au deuxième hôtel. Les nouvelles de la nuit sont confuses : la coordination serait faite à 400 personnes et aurait été limitée à la proposition des américains sans discussion possible : convergence par petits groupes vers le musée égyptien et rassemblement devant le musée à 10h 30.
La signification et le symbole sont évidemment contestables. Aucun mot d’ordre précis, aucun objectif rappelé, dans ces conditions beaucoup hésitent à y aller pour ne pas se trouver entraînés dans des initiatives ou derrière des slogans qu’ils ne partagent pas. D’autres, impatients d’agir depuis une semaine d’attente, souhaitent être présents par solidarité . Au final chacun est laissé libre de participer ou non à ces initiatives, avec toutes les recommandations de prudence.
Le fait qu’aucune organisation sociale égyptienne ne soutiennent ces rassemblement n’incite pas à se mobiliser. Si agir avec la frustration comme motivation est compréhensible, ça n’est pas suffisant, un minimum de sens est nécessaire.
Dans cette situation complexe, une information positive nous revient : l’ambassade de France a fait savoir que la clarté de notre stratégie devrait nous permettre d’effectuer des missions échelonnées sur l’année. C’est bien le sens de notre présence ici au delà du triste anniversaire, et de l’opportunité de communication qu’il suscite, il s’agit bien de construire dans la durée, d’agir de façon plus régulière et sans doute moins visible.

Nous poursuivons vers le musée et la place Tahrir où la grande avenue longeant le musée est fermée à la circulation. La pagaille habituelle des véhicules monte d’un cran, les quelques taxis qui se faufilent entre les agents de la circulation (très nombreux) sont obligés de faire marche arrière. En longeant l’avenue à pied, nous nous heurtons à un barrage policier, il faut patienter. Un peu plus loin un cordon serré de policiers en uniforme contient un groupe de manifestants dont on aperçoit les drapeaux palestiniens au dessus des têtes. Une banderole est hissée dans un arbre. Impossible de s’approcher.

Ça suffit pour la matinée et la chasse aux images. Nous rentrons.
Dans l’après midi les SMS tournent : rendez vous à 17 h pour un projet vidéo pour les TV ; les deux bus d’hier sont finalement partis avec des volontaires et non des représentants, porteurs de leurs propres messages et non de la solidarité internationale bloquée au Caire.