mercredi 30 décembre 2009

On fait le point !

Bonjour à tous,

Nous sommes donc revenus au Caire et sous bonne escorte. Notre bus nous a déposé hier soir du point d’où nous sommes partis et les flics accompagnateurs nous ont demandé de rentrer à nos hôtels respectifs sitôt descendus.
A l’arrivée certains ont tenté de rejoindre l’ambassade de France et les 200 campeurs. Les policiers les en ont dissuadé. La conférence de presse convoquée depuis les bus s’est limitée à quelques interviews devant un bus ; la visibilité médiatique est limitée aux médias arabophones. Nous espérons que les média suivront en France et en Europe.
De notre côté nous avons mis à profit ce temps mort pour nous restaurer (excellents poissons) à proximité de l’hôtel et envoyer notre page quotidienne.
Le lendemain au petit déjeuner, les tables bruissent des informations de la nuit : les campeurs de l’ambassade ont passé leur deuxième nuit sur le trottoir encadrés par un double cordons de policiers, les 500 américains ont tenté un sit-in devant un bâtiment de l’ONU, Netanyahou arrive au Caire en visite officielle et différentes manifestations de l’opposition égyptienne sont prévues, il est question de s’y joindre mais les organisations égyptiennes hésitent à nous accueillir dans leur rangs …

Nous laissons là les rumeurs et partons à pied rejoindre notre groupe au deuxième hôtel (celui de l’ascenseur farceur). Vers 11h, un SMS nous informe que la réunion est retardée à 14h30.
Voilà qui nous laisse 2h pour visiter le musée Égyptien devant lequel nous nous trouvons.
Dans la cohue des bus et la foule des touristes, nous surfons entre les voitures pour traverser les rues qui convergent sur la place Tahrir quand un monsieur nous aborde.
Il a repéré notre accent français et noie quelques mots dans une logorrhée d’où émerge son séjour à Grasse pour se former dans les parfums, métier de sa famille, le mariage de sa fille le lendemain auquel nous sommes invités, et l’hospitalité égyptienne qui nous fait entrer dans sa boutique de souvenirs puis dans la parfumerie de sa mère. Nous en ressortons qu’après avoir lâché quelques centaines de livres. Faut bien faire marcher le commerce local …

La visite du musée est donc rapide, de sarcophages en statues, nous retenons le regard droit et noble, la dignité et la force simple de Khephren assis en majesté la nuque enveloppée des ailes du faucon Horus.

Dans la chambre d’hôtel devenue salle de réunion, l’ambiance est concentrée, voire grave. Il est devenu clair pour tous que n’entrerons pas dans Gaza. Si ce rêve était caressé par beaucoup, nous savions les difficultés qu’il faudrait affronter, mais peut être pas aussi vite. A présent les possibilités d’actions à partir du Caire sont quasi nulles ou insignifiantes. Les solutions qui s’offrent à nous sont toutes insatisfaisantes : rentrer chez nous sans gloire, rester au Caire sans pouvoir se rassembler, tenter d’atteindre El Arish par d’autres moyens …
Dans le groupe, une jeune avocate des droits de l’homme rappelle les objectifs de la marche internationale et le contexte géopolitique :
Tout d’abord nous sommes en pays étranger et les attitudes de donneurs de leçon de démocratie occidentale sont souvent perçues comme du néocolonialisme.

Ensuite, il ne s’agit pas de désigner le gouvernement égyptien comme responsable du blocus (ce qu’aurait tendance à faire les encerclés de l’ambassade) mais bien Israël qui est l’origine du problème et qui serait trop content de se débarrasser du problème sur son voisin arabe, tout en continuant à tirer les ficelles.
Enfin il faut se garder de l’éclatement du mouvement qui nous guette et que le grand nombre d’organisations et de nationalités favorise. La communication est essentielle dans cette affaire, c'est pourquoi il faut maintenir la pression.

A nos amis restés en France, nous demandons de signer et faire signer la pétition en ligne sur :
http://www.urgence-gaza.net/content/petitionGaza

En parallèle, continuez à interpeller vos députés, maires, représentants et personnalités … et consultez les médias qui nous suivent : France 3, Al Jazeera, Al Arabiya, MBC, RFI (interview Florent), Associated Press …

A bientôt,

Ali-Patrick et Patrice